Bien sûr il y a Sissi, on pense aussi à Freud, à Orson Welles, à Mozart ou à Klimt. Mais il serait dommage de réduire Vienne à une ville endormie au bord du Danube, habitée de légendes et de fantômes glorieux, de musées et de monuments impériaux. C’est une capitale vivante, jeune, verte, généreuse, pétillante, amoureuse. Y passer quelques jours, c’est vouloir y rester davantage; la quitter, c’est rêver d’y revenir au plus vite.
Lorsqu’on atterrit à Vienne, la géographie de la ville s’ouvre au regard du visiteur: entourée de collines et de vertes campagnes, traversée par un fleuve qui s’étire à perte d’horizon. L’aéroport est situé à 16 km de la capitale qu’on peut relier aisément avec le City Airport Train, avec le train normal (seulement 4,10€/ trajet) ou en taxi. Nous avons opté pour ce dernier, un rien moins cher si vous payez en cash (et réservez sur internet): 27€ pour le transfert, il y a bien pire en Europe.
Café Demel, musée d’histoire de l’art et Heuriger
Après une soirée au calme, non sans goûter au plaisir d’un petit resto – il s’appelle Mini, vraiment petit donc, mais savoureux (de bons vins de la région et de bons plats austro-hongrois, avec une touche de modernité), nous avons entamé notre première journée par un bon vrai petit-déjeuner viennois. Nous avions ambitionné de le prendre au Café Central, mais une file à l’extérieur nous en a dissuadés.


Vienne recèle heureusement mille trésors – ce n’est pas un hasard si ses cafés sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous avons pu trouver notre bonheur au Café Demel, à deux pas de là. On longe le bar et le magasin, on suit un couloir et on attend qu’une place se libère, devant l’atelier en pleine activité, ce qui ne manque pas d’ouvrir l’appétit. Confortablement installé, on avale le croissant, le pain, l’oeuf mollet servi dans un verre – délicate attention. Voilà de quoi requinquer le voyageur avant une journée de découvertes.

Le centre-ville de Vienne s’articule autour de la Hofburg, l’ancienne résidence impériale. Les Habsbourg ont laissé derrière eux des palais qui témoignent de leur grandeur, mais aussi de somptueuses collections. Le musée d’histoire de l’art permet de réviser ses cours: on remonte le fil du temps, les écoles flamande, allemande, italienne et espagnole, la force de Rubens, la lumière de Vermeer ou de Rembrandt, la chair du Caravage ou l’opulence de Velazquez.


Le musée gigantesque, orné notamment de fresques de Klimt, abrite aussi des collections antiques, le cabinet d’art ou celui des monnaies. On s’est posé le midi au café du musée qui vaut le détour à lui seul: la déco est superbe, les plats très corrects. A noter que des repas gastronomiques y sont organisés tous les jeudis soirs: les convives ont alors le musée à eux tout seuls pour visiter les salles et savourer un bon menu.


L’après-midi, nous nous sommes éloignés du centre-ville pour gravir le Kahlenberg. Vienne possède 700 hectares de vignes, dont une bonne partie s’accrochent sur cette colline, dans le 19e arrondissement, à Grinzig. Un chemin longe une rivière et serpente entre plusieurs domaines viticoles – le dépaysement est immédiat: on oublie vite qu’on est encore à Vienne. Au sommet, une terrasse offre une vue spectaculaire sur la capitale. Il y a moyen de prendre un verre ou de manger un bout, mais on vous invite à redescendre dans les vignobles et à goûter au bonheur d’un Heuriger, nom donné à ces petits troquets aménagés par les vignerons.


Nous avons opté pour le Buschenschanck d’Andreas Wagner. L’estaminet tient en quelques tables et transats posés au milieu des vignes. On y a goûté l’une des spécialités locales: le Spritzer. Cela peut paraître surprenant: mélanger un verre de Riesling et un verre d’eau pétillante dans une grande chope de bière. Au final, cela donne une boisson très rafraîchissante. Cela se boit presque comme de la limonade, sauf que c’est meilleur et qu’il y a tout de même l’équivalent d’un verre de vin par spritzer. On profite du soleil couchant jusqu’à plus soif. Le soir, on a succombé au charme d’un bar à tapas, un des meilleurs de Vienne, à la Puerta del Sol.
Survivrez-vous à une Käsekrainer au Nashmarkt?

Le second jour a commencé par une grande bouffée de saveurs, au Nashmarkt (entre la Karlsplatz et la station de métro Kettenbrückengasse). Naschen signifie “déguster” en allemand et c’est bien l’objet de ce marché étalé sur près d’un kilomètre et demi: une centaine d’enseignes s’y alignent dans un joyeux mélange d’épices, de fruits et de légumes, de spécialités locales et de produits venus de contrées plus lointaines. Les marchands ambulants vous tendent un bout de fromage ou de saucisson. Des bars, comptoirs et petits restos y attirent de nombreux gourmands,

On a pu voir aussi quelques étouffe-chrétiens, dont ces fameuses saucisses au fromage, appelées Käsekrainer – apparemment ce n’est pas une arme de destruction massive. Il y a vraiment à manger et à boire pour tous les goûts et pour toutes les bourses. A noter qu’un marché aux puces s’installe dans le sillage du Naschmarkt, le samedi matin (côté Kettenbrückengasse). Cela doit être bien sympa.


Nous avons poursuivi la découverte de Vienne, arpentant à pied la Ringstraße, ce boulevard circulaire le long duquel s’arriment parmi les plus beaux monuments de la capitale: la Hofburg, le Parlement, le beau parc qui veille sur l’Hôtel de Ville, l’Université (cela vaut la peine de découvrir sa cour intérieur, un vrai îlot de paix et de fraîcheur lorsqu’il fait chaud) ou encore l’église Votive.


A midi, nous avons tenté notre chance au Café Central. Il y avait à nouveau une file devant la porte d’entrée. Un petit truc: quand on vient en plus grand nombre, on entre plus vite. Nous étions quatre et nous avons pu ainsi dépasser tout le monde. L’établissement est à la hauteur de sa réputation: le parquet ciré de miel, le plafond délicatement vouté, le mobilier délicieusement suranné. L’endroit est bondé, mais le service reste attentif et sympathique. On s’y sent bien et on a envie d’y traîner un peu. Et tant pis pour la file d’impatients à l’extérieur!

L’après-midi, nous avons remonté la Mariahilferstrasse, l’une des principales artères commerçantes, pour nous aventurer dans le quartier de Neubau, un secteur assez branché qui compte des artisans, des antiquaires et des boutiques atypiques. Puis nous avons entamé une première visite du Musée Léopold. Ce dernier demande du temps: ses expositions temporaires et ses collections permanentes sont passionnantes. Egon Schiele est sans doute le gardien de ses murs, la vigie tourmentée d’une Autriche créatrice, à des années lumières de Romako, dont le style pompier est parfois… pompeux. Le musée fermait, nous devions reporter la suite pour un autre jour.

En soirée, nous avons pris un peu de hauteur au Loft. Ce restaurant situé au dernier étage du Sofitel est spectaculaire à plus d’un titre. Un jeu de lumières bariolées, projeté sur une toile tendue au plafond, se voit loin à la ronde. Dans le quartier, on ne peut pas rater le Loft qui brille comme un phare dans la nuit viennoise, au sommet de cette tour plantée au bord du Danube. De là haut, la vue est exceptionnelle: la ville offre au regard des convives ses ors et ses lumières. On repère les églises, les monuments et au loin, la tour du Präter. La déco s’avère conforme à l’appellation: design et minimaliste. L’ambiance est plutôt lounge et le personnel est aux petits oignons pour vous mettre à l’aise. La cuisine est aussi soignée, plutôt gastronomique (entendez nouvelle cuisine). Bon, il faut casser un peu sa tirelire pour y goûter, mais la vue, l’ambiance et l’assiette valent franchement le détour.

Déjeuner sous les palmiers

Nous avons entamé la 3e journée en poussant la porte de la Karlskirche, sur la Karlplatz. L’entrée est payante, mais l’achat du ticket vaut son pesant d’euros (quelques pièces seulement): l’église dévoile des trésors baroques éblouissants. Elle a été construite pour célébrer la fin d’un épisode de peste, laquelle a valu aussi l’érection d’une colonne dorée en plein milieu du Graben, cette grand-place de Vienne. La coupole de la Karlskirche est superbement décorée. Un ascenseur a été aménagé en mode Meccano pour permettre au touriste d’admirer les peintures de près. Nous n’avions ni trop envie, ni le temps de faire la file pour cela. D’autant que le beau temps nous attirait dehors.


Avant l’heure du déjeuner, nous avons prospecté le quartier de Neuer Markt, situé entre la Hofburg et le Graben. Indubitablement, c’est celui qu’on préfère pour le lèche-vitrine: Spiegelgasse, Dorotheergasse, Braünerstrasse, ces rues et ruelles, parfois des passages discrets et charmants, abritent de belles enseignes: concept-store, antiquaires, galeries d’art, boutique de mode, artisans. On a bien aimé le café Bräunerhof, très authentiquement dans son jus, un maroquinier qui produit toujours le cartable de Thomas Mann ou encore le Dorotheum, une salle de ventes aux enchères, où l’on peut chiner des bijoux et du mobilier Art Nouveau.

Tout cela creuse l’appétit. A midi, nous avons mangé un petit plat au Palmenhaus, un restaurant très convivial, aéré et agréable, sans façons et pas trop cher, dans un décor exotique: la serre aux palmiers de la Hofbourg. Il est bien agréable de s’y attabler sous la verrière fin de siècle ou sur la terrasse qui domine le parc de Burggarten.
Vienne ne résume pas à une ville de musées. Mais il faut tout de même un peu creuser le sujet. Nous avons commencé par l’Albertina, juste à côté du Palmenhaus. L’ancienne résidence des Habsbourg abrite des expositions passionnantes. Au moment de notre visite, le public était invité à un parcours entre Monet et Picasso, une promenade parmi des chefs d’oeuvre de l’art contemporain. On bascule dans la modernité new yorkaise avec une rétrospective Keith Haring ou dans des pièces maîtresses de grands photographes. On y resterait des heures… s’il n’y avait un lourd programme qui nous attend encore.

Nous avons enchaîné avec le MAK, le musée des arts décoratifs. Chaises Thonet, décoration de Klimt et autres merveilles Art Nouveau des Wiener Werkstätte sont bien mis en valeur. Le parcours pour admirer la collection asiatique est particulièrement réussi. Après ces découvertes, nous nous sommes reposés au Prückel, juste en face du MAK. Nous y avons goûté à cet art de vivre des cafés viennois: on commande une consommation et on peut prendre son temps, notamment pour parcourir les journaux mis à disposition. Ce fut le New York Times et Le Monde pour nous, avec un jus de citron et un thé.

Nous avons repris la route ou plutôt le métro pour rejoindre le MuseumsQuartier: il fallait encore visiter les étages du musée Léopold que nous n’avions pas encore parcourus; une expo sur le Vienne 1900 (Klimt – Moser – Gerstl – Kokoschka). Le Léopold a mis aussi à l’honneur l’incroyable collection d’Heidi Horten. De Francis Bacon à Yves Klein, en passant par Gustav Klimt, Pablo Picasso ou Andy Warhol, elle y révèle à la fois des moyens financiers importants (parce que tout cela n’est pas donné) et un goût exquis (c’est éclectique et cohérent à la fois).
Quelque peu épuisés par cette tournée des musées, nous nous sommes effondrés le soir dans les coussins confortables du Sacher, prêts à goûter enfin à la fameuse Sachertorte, LA spécialité de Vienne. Sur papier, c’est un gâteau qui réunit deux couches de pâte à génoise au chocolat aérée autour d’une fine couche de confiture d’abricots, le tout enrobé d’un glaçage de chocolat noir. Dans l’assiette, un peu beaucoup de sucre, une bombe calorique.
Trempette aux thermes et casse-croûte à la banque

Vienne est bien sûr aussi une ville d’eau, avec le Danube qui la traverse en majesté. Les locaux adorent s’y baigner dès qu’il fait chaud. Ils ont un endroit de prédilection pour cela: l’île sur le Danube, accessible en métro – lignes de métro U1 (station Donauinsel), U6 (station Neue Donau) et U2 (stations Donaumarina et Donaustadtbrücke). Elle est entièrement dévolue aux loisirs, avec 42 kilomètres de plages, des cafés, des paillotes. On peut y nager, un courir, y rouler à vélo. Lors de notre séjour, tout début avril, il ne faisait pas encore assez chaud pour y risque un plongeon.

Nous avons plutôt goûté aux plaisirs des Thermes de Vienne. Les installations sont très modernes, aménagées à la lisière de la ville. Une ligne de métro y conduit directement (station Oberlaa, terminus du U1). Plusieurs piscines sont proposées, mais nous avons opté pour un moment de bien-être: saunas et hammams dans cet établissement distingué par les European Health & Spa Awards. L’établissement est gigantesque, mais on y trouve de l’intimité. Les hammams, fort joliment décorés, diffusent des vapeurs de lavande, d’herbes de montagne. A l’extérieur, une piscine et un jacuzzi chauffés contredisent le dicton “en avril, ne te découvre pas d’un fil”: nous y étions très bien et nos pieds, nos jambes et nos corps fourbus après avoir avalé des kilomètres de ville, y ont trouvé une détente salutaire. On a siroté un jus de légumes au bar avant de reprendre le métro.

La capitale n’apparaît ni trop grande, ni trop petite. Juste à dimension humaine. Il y a tant à découvrir que cela peut fatiguer le touriste: nous avons parcouru en moyenne pas moins de 15 km à pied par jour. Non que les transports ne soient pas bien organisés, bien au contraire. Nous les avons aussi pratiqués avec bonheur pour relier rapidement un point à un autre. C’est un vrai paradis: cela ne coûte quasiment rien: prenez le pass à 17€ pour 7 jours. Avec cela, vous pourrez emprunter trams, bus et métros. Ils sont fréquents, réguliers, très propres et très sûrs (aucun souci pour les prendre en pleine nuit). Chose rare, lors d’un trajet, nous avons vu des agents nettoyer la rame! Des Thermes de Vienne, il n’a fallu qu’un quart d’heure en métro pour regagner le centre-ville.
L’après-midi, nous avons fait du shopping, toujours dans le quartier du Neuer Markt, mais aussi du côté de Freyung (une très belle galerie marchande conduit à la Herrengasse). Des commerces plus luxueux y sont installés, ainsi que sur le Graben. Le long de la Kärntner Straße, les enseignes internationales s’alignent au coude à coude. Sur la Mariehilfer Strasße, autre grande artère commerçante, on trouve des marques plus accessibles aux jeunes. Cela vaut la peine de s’échapper par la Raimundhof, une ruelle charmante bordée de boutiques, de salons de thés et de petits cafés.


Le soir venu, nous sommes retournés du côté du Freyung, avec une bonne adresse en poche, celle de la brasserie The Bank. On ne saurait trop vous recommander ce restaurant, celui de l’hôtel Park Hyatt: la décoration est somptueuse. C’est franchement l’un des plus beaux établissements que nous ayons eu la chance de fréquenter jusqu’ici. Cela devait effectivement être une salle des guichets à sa glorieuse époque. Il en est resté un cadre Art Déco exceptionnel: luminaires, dorures, marbres, tout est somptueux. L’aménagement est très réussi, notamment la cuisine magnifiquement intégrée, comme une scène où joueraient les chefs. La bonne idée est d’avoir proposé une carte de brasserie – alors qu’ils auraient pu jouer la carte de la haute gastronomie. Cela reste donc relativement accessible (on peut y manger un sandwich au homard à 21€ ou un burger au foie gras à 29€). Pour nous, ce sera un carpaccio de bar, suivi d’un Bison Stroganoff pour l’un, d’une traditionnelle Wiener Schnitzel pour l’autre). Savoureux et gourmand, à l’image d’un repas très réussi. On est sorti de là e-n-c-h-a-n-t-é-s, heureux de traverser Vienne, la nuit, toujours aussi animée, toujours aussi belle.

Non, non, le Musée Sissi n’est pas si terrible

Le lendemain, la matinée a commencé par un déjeuner au Café Museum, sur la Karlplatz. L’établissement a perdu sa décoration d’origine, conçue par Adolf Loos. Ce dernier a signé nombre de lieux emblématiques de l’Art Nouveau à Vienne, dont le Bar Américain qui vaut le détour (hélas trop fréquenté lorsque nous avons voulu y faire halte) ou la Loos Haus en face de la Hofburg (l’Empereur avait exigé de fermer tous les rideaux du palais donnant sur cet immeuble qu’il jugeait hideux). Les volumes et la lumière qui se posent sur le Café Museum sont agréables, les lieux confortables, le service et le petit-déjeuner plaisants. De quoi nous donner l’énergie nécessaire pour affronter notre 5e et dernière journée à Vienne.

Nous avons pris le tram 71 jusqu’au Belvédère. Ce dernier est composé de deux châteaux: le Belvédère inférieur et le Belvédère supérieur, séparés par un beau jardin à la française. La partie inférieure abrite des expositions temporaires: nous y avons découvert notamment les oeuvres de Klemens Brosch, un dessinateur hors pair, destin tourmenté et fracassé par la Première Guerre mondiale.


Le Belvédère supérieur offre un beau panorama sur la ville… mais aussi sur l’art autrichien. Il abrite la plus grande collection de Klimt, à commencer par le Baiser que la plupart des touristes viennent admirer. Difficile de se ménager un moment d’intimité avec la célèbre toile: selfies, photos de groupe… tout le monde veut être devant. Tant mieux, on se concentrera sur les oeuvres de Klimt où son génie affleure tout autant, et puis sur les autres hôtes du château: Oskar Kokoschka, Koloman Moser et autres Egon Schiele.


Nous sommes retournés au centre-ville pour déjeuner dans un restaurant typiquement autrichien, chez Glacis Beisl. L’endroit n’est pas évident à trouver (il faut emprunter la passerelle près du musée d’art moderne pour y accéder depuis le MuseumsQuartier), mais cela en vaut franchement la peine. L’établissement se révèle très authentique; sa carte propose des plats régionaux. C’est savoureux et généreux. Nous étions les seuls touristes à bord. Autour de nous, des familles viennoises, des jeunes couples, un groupe d’amis du 3e âge, guillerets et amateurs des cépages locaux.
Bien rassasiés, nous avons pu attaquer un triptyque un rien plus indigeste: les musées de la Hofburg. A priori, la collection d’argenterie ne nous tentait pas trop, mais c’est en fait le plus intéressant: les arts de la table trônaient en majesté à la cour impériale. Les Habsbourg savaient recevoir! La reconstitution d’une table dressée et l’exposition des menus vous plongent dans un passé luxueux. Plus loin, on rencontre un personnage fort attachant: Sissi. L’impératrice attire encore de nombreuses groupies dans son ancien nid. Mais la visite s’avère infernale tant il y a du monde. On entr’aperçoit une robe par ci, un bijou par là, une mèche de cheveu plus loin. Autant revoir la série de films avec Romy Schneider… On fuit par les appartements impériaux qui rappellent la visite de Versailles, avec son florilège de touristes en bancs de poissons.

Après ce plongeon dans un passé un rien confit, il fallait une touche de modernité. Nous l’avons trouvée au Mumok, le musée d’art contemporain, résolument design. Le bâtiment tranche dans le MuseumsQuartier par sa façade sombre et monumentale. L’architecture des lieux est spectaculaire, avec ses ascenseurs transparents qui vous font grimper dans cette dent creuse autour de laquelle gravitent les salles d’exposition.


On y croise de belles signatures, comme Andy Warhol, Paul Klee ou Pablo Picasso, mais aussi des oeuvres désarçonnantes, notamment le piano Klavier Intégral au clavier orné d’une sarabande de babioles et de fil de fer (qui s’y frotte s’y pique). Sortis du Mumok, on goûte aux plaisirs de l’esplanade du MuseumQuartier: on peut y boire, y manger, voir des films en plein air. Les jeunes citadins s’y retrouvent avec plaisir.


Nous ne pouvions quitter Vienne sans succomber encore un peu aux charmes des Wiener cafés. Le Huwelka était complet. On a pu s’asseoir -enfin- au café Gerstner, confiseur de la cour, une vraie bonbonnière. Au rez-de-chaussée, le magasin déborde de chocolats, de sucreries et de pâtisseries, tous plus appétissants les uns que les autres. Un escalier en colimaçon mène au bar et à un petit salon en mezzanine, très cosy. On s’effondre dans les fauteuils en velours et on déguste une part de Linzer Torte ou un Apfelstrudel avec un Aperol Spriz.

Dehors, le soir pointe son nez. Juste devant le café se dresse l’Opéra, monumental, spectaculaire. Assister à une représentation vaut franchement la peine. Nous n’avons pas eu l’occasion de le faire – mais on nous a glissé à l’oreille un bon tuyau: se présenter une heure avant le spectacle et viser une place en dernière minute. Pour 5€ à peine, on peut alors profiter du spectacle. Ce ne sont pas toujours les meilleures places mais, pour le prix, difficile de protester. Ce soir, nous nous sommes contentés de l’écran géant disposé sur la façade: il permet de suivre en direct les artistes qui se produisent sur scène, à l’intérieur. Au programme, “La Mort de Danton”, de Gottfried von Einem. Nous avons ainsi quitté le centre de Vienne sur un air d’opéra. Peut-on imaginer plus romantique?

A retenir… ou pas
Ce qu’on n’a pas eu le temps de faire et qu’on fera la prochaine fois:
– voir le Prater (sans forcément monter dans la grande roue, activité tout à fait facultative)
– visiter Schönbrunn (certes, un vrai scandale de ne pas y être allé…)
– se promener le long du Danube (vivement les beaux jours!)
– faire une excursion jusqu’à Bratislava (à un jet de pierre ou plutôt à quelques miles nautiques de Vienne, par le Danube)
– assister à un opéra (pas trop long si possible, parce que 5h de Wagner, c’est beau, mais ça dure…)
– s’attabler au Café Américain ou au Café Hawelka (en espérant y trouver une place, cette fois)
– manger une saucisse dans un Würtselstand (parce qu’on peut ranger momentanément sa dignité de côté)
Ce qu’on voudra absolument refaire:
– le Café central
– The Bank
– le Palmenhaus
– l’Albertine et le MuseumsQuartier
– le quartier des antiquaires (Neuer Markt)
– retourner dans les vignes
– et aux Thermes
Ce qu’on évitera:
– le musée Sissi (une fois dans sa vie, cela suffit)
– la promenade en calèche (même une fois serait trop)
– associer Sacher-Torte et Aperol Spritz (burps)
Lors de notre séjour, nous étions hébergés en famille. Difficile de vous recommander un lieu précis pour vous loger. Nous avions toutefois repéré deux ou trois adresses:
– les B&B Rosa Linde, le bien-nommé et assez conceptuel This is not a hotel ou pourquoi pas une abbaye située en pleine ville – le calme y est garanti
– des petits hôtels comme le Spiess & Spiess ou le Schreiner
– dans les hôtels plus luxueux, deux nous semblent fort bien situés: le Sacher et surtout le Park Hyatt Vienna.
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