Le musée Nissim de Camondo, à Paris, met en lumière une somptueuse collection d’art français du XVIIIe siècle. L’écrin et l’histoire des lieux valent le détour autant que les trésors exposés.
On ne saurait trop recommander la lecture du roman de Pierre Assouline « Le dernier des Camondo » (éditions Gallimard). Il raconte le destin tragique d’une famille richissime, les Rothschild de l’Orient. Venus de Constantinople, ils ont édifié une demeure somptueuse en bordure du parc Monceau. Quand on entre dans leur hôtel, on a l’impression de pénétrer dans l’intimité d’une famille qui aurait quitté les lieux il y a peu.

Nous nous sommes sans doute trompés dans le sens de la visite, commençant par les cuisines, admirablement reconstituées. Les sonnettes sont là, prêtes à retentir pour le personnel de maison. Le four à pain, la cuisinière, le vaisselier, la salle à manger des domestiques, l’activité semble s’être arrêtée hier. C’est le ventre de la demeure. Il traduit le faste d’une époque et d’un milieu, à quelques mois de la Première Guerre mondiale .

Le monte-plat file au premier, comme nous par la cage d’escalier majestueuse. La salle de réception est un petit Versailles, à l’instar des autres pièces de la maison. Le comte Moïse de Camondo était un collectionneur d’art très averti et il a réuni parmi les plus belles pièces du XVIIIe siècle: tapis, meubles, vaisselles, tableaux. En tout, il visait l’excellence.


Plus qu’un musée ou qu’un hôtel de maître, c’est une maison de famille que l’on découvre. Le maître des lieux a légué sa demeure et ses collections à l’Etat français en 1924 à condition que le musée porte le nom de son fils, Nissim, lieutenant pilote aviateur, tombé pour la France en 1917. L’émotion est évidemment présente quand on visite la chambre de ce fils adulé, mausolée laissé intact par ses parents. Le musée a ouvert en 1936, les derniers membres de la famille ayant disparu, emportés par la Shoah en 1942.

On traverse les siècles et l’histoire de l’Europe en parcourant les pièces du musée. Ce dernier est rattaché au Musée des Arts décoratifs et une école d’art renommée porte le nom de Camondo.

Musée Nissim de Camondo
63, rue de Monceau
75008 Paris
+33.1.53.89.06.50
http://madparis.fr/francais/musees/musee-nissim-de-camondo/