
Il fait bon prendre ses quartiers au Place d’Armes, à Luxembourg! L’hôtel résume tout ce que l’on attend d’un Relais et Châteaux: du confort, de la gourmandise et un supplément d’âme.
L’établissement occupe une position centrale dans la ville de Luxembourg, en plein coeur du piétonnier. Ses terrasses et sa façade élégante s’ouvrent sur la place d’Armes, à un jet de couronne du Palais Grand-Ducal et de l’hôtel de Ville. Cela fourmille d’animation côté rue. Côté cour, place au trio luxe, calme et volupté.

Une fois franchi le lobby, on peut s’installer au bar, très joliment aménagé. Il donne sur une cour intérieure, certainement bien agréable en été mais encore un peu fraîche en ce début de printemps. L’hôtel réunit sept bâtisses, un vrai labyrinthe qui s’étend, d’étage en étage, sur près de 3.500m2. Il est amusant de s’y perdre. Des oeuvres d’art, un fauteuil ou une belle terrasse surgissent au détour des couloirs.
On parle de chef d’oeuvre lorsque l’artisan accomplit une oeuvre remarquable qui le fait passer du rang de compagnon à celui de maître. L’architecte qui a conçu ce palais bien singulier, Jean Beck, n’a pas survécu aux travaux, décédant peu de temps après. Mais il laisse bel et bien un chef d’oeuvre cinq étoiles. Il a tiré parti au maximum des lieux, des traces du passé, tout en y ajoutant une couche contemporaine. Trait de génie: il a assemblé un ensemble de maisons hétéroclites en un lieu cohérent avec âme et esprit.

La décoration de l’hôtel a été conçue par Malou Beck-Molitor et feu son mari, Jean Beck. Elle oscille entre raffinement bourgeois fin de siècle et approche design contemporaine. Mention spéciale pour les photographies de Jean-Daniel Lorieux. Comme l’assaisonnement bien dosé d’un plat, elles ajoutent quelques grains de poivre et une pincée de sel qui rehaussent l’ensemble.


Tout cela donne faim et ça tombe bien: le Place d’Armes brille de l’étoile Michelin décernée à son restaurant gastronomique, la Cristallerie. L’éclat des lieux ne manque pas d’éblouir les convives. Nous avons pu découvrir la cuisine pleine de relief et d’épices du chef Fabrice Salvador: asperges vertes, version « anguille au vert » (un véritable festival printanier); pluma 100% ibérique, huîtres Migliore « lard et truffe » (association détonante, les papilles en voient de toutes les couleurs); Chocolat Morogo Domori, poivre du Cambodge (qui vient pimenter agréablement ce moment douceur).


Chaque bouchée s’accompagne d’une explosion de notes savoureuses. Mention spéciale au sommelier, Olivier Schanne: l’association des vins s’avère parfaite; nous aurons rarement goûté un mariage aussi réussi. Les plats ont-ils été conçus pour les vins, ou inversement? Avec l’entrée, un Grüner Veltliner autrichien délicatement parfumé. Avec le plat, un Côte Rôtie où la Syrah livrait toute la chaleur du Rhône dans le verre. Et en bouquet final, un étonnant Alvear Pedro Ximénez 1927, vin doux élaboré à partir de raisins séchés au soleil.


Hubert Bonnier et Jean- Michel Desnos, qui président aux destinées de la maison, ont pas mal bourlingué, de palace en palace, à travers le monde. Les deux associés ont rapporté de leurs périples aux Antilles une passion commune pour le rhum. On en trouve d’excellents au bar le 18. Nous avons dégusté un remarquable Bielle, venu de Marie-Galante. L’autre spécialité du bar, c’est le 1867, 18 comme le numéro de rue de l’hôtel, 1867 comme l’année où l’indépendance du Luxembourg fut consolidée par le traité de Londres. Dans le verre, c’est aussi de la haute diplomatie. Jugez plutôt : on réunit dans un même drink un rhum Plantation 5y Barbados, Falernum, un crémant de Luxembourg, un trait de citron vert, du miel luxembourgeois et du bitter Hellfire. Rien à retrancher. Juste à ne pas en abuser, peut-être…

Après une soirée animée, il était temps de regagner notre chambre, la 32, à la décoration élégante: dorures, poutres apparentes, tonalités douces, marbre dans la salle de bain. On s’y sent tout de suite at home (même s’il n’y a pas autant de marbre chez nous!). La literie et les oreillers sont garants d’une nuit réparatrice.
Le petit déjeuner offre l’occasion de découvrir la brasserie où il est servi, le Plëss (prononcez « pleusse » – c’est le nom luxembourgeois de la place d’Armes): ah! ces sièges pivotants qui permettent de se réveiller en douceur… L’endroit est super avenant et le buffet généreux. Les plaisirs peuvent être simples: un pain maison excellent, des fromages bien choisis, un bon café, un mug de thé… Que demander de plus?


Après une matinée en ville, on retrouve le Plëss, mais côté terrasse cette fois. Dans l’assiette, on retrouve la touche du chef: crudo de poisson pour l’un, oeuf mollet, asperges vertes et copeaux de parmesan pour l’autre, suivis par un poulet de Bresse à la broche divinement caramélisé (avec une purée façon Robuchon) et un assortiment de desserts. C’est net, précis, délicieux.
Et quel bonheur de profiter d’une des premières terrasses du printemps! La place d’Armes s’anime au rythme d’une brocante – elle s’y tient toutes les deux semaines (chaque 2e et 4e samedi du mois). Vieux livres, faïences, tissus anciens, objets insolites, bijoux, pièces de collection… Les puces attirent du monde. C’est tout le charme d’un hôtel situé au coeur de la ville. On voit défiler une foule variée, des touristes, des locaux, des bourgeois, des originaux. On entend parler des langues diverses, des accents bigarrés. A l’image d’une ville carrefour de l’Europe. Un mélange aussi joyeux qu’un cocktail 1867.
(Joli.voyage invité par l’hôtel Le Place d’Armes)

Hôtel Le Place d’Armes
18 place d’Armes
L-1136 Luxembourg
Tél.: +352 27 47 37
http://hotel-leplacedarmes.com/fr/
2 commentaires sur “Le place d’Armes à Luxembourg, un Relais et Châteaux au coeur de la ville”