L’auberge de la Ferme porte haut et fort son slogan « Bien manger, bien dormir ». C’est mieux que bien: cet hôtel-restaurant situé à Rochehaut, dans les Ardennes belges, offre un confort nettement supérieur à ce que l’on peut attendre d’un trois étoiles et sa table marie heureusement gastronomie et produits de terroir.
En contre-bas de la falaise, la Semois enlace maternellement le village de Frahan. En haut – pas difficile de comprendre d’où vient le nom de Rochehaut – on découvre le charme tout ardennais de cette localité. Si loin, si proche… A 1h35 de Bruxelles, place au dépaysement d’un week-end en immersion automnale. Ce ne sont pas les raisons qui manquent pour réserver une ou deux nuitées à l’Auberge de la Ferme. Nous vous soufflons cette bonne adresse mais sa réputation n’est plus à faire.


Nous y avons passé deux journées bucolico-gastronomiques en pleine semaine et l’endroit ne désemplissait pas! A notre arrivée, un jeudi midi, nous avons été accueillis par Michel et Patricia Boreux qui gèrent avec talent, bonne humeur et générosité leur domaine familial. Après avoir pris possession de notre chambre, située dans un bâtiment en pierre de pays, récemment rénové et situé juste en face de l’accueil, un lunch nous attendait.


Novembre n’est plus loin mais -soyons fous!- c’est en terrasse, à la taverne de l’Auberge, au soleil et par 20°C que nous nous régalons d’un jambonneau pour l’un et de boulettes nappées de sauce brune pour l’autre. Attention, pas n’importe lesquelles: servies dans une cocotte, ce sont des boulettes maison mijotées comme chez la « Mère Boreux » avec une sauce jus de viande aux oignons, thym, laurier et vin blanc.
C’est bien une aventure familiale: les parents de Michel Boreux étaient des précurseurs se lançant le tourisme à la ferme dès les années septante. Michel et Patricia ont repris et agrandi au fil du temps l’Auberge. Leurs enfants sont aussi impliqués aujourd’hui dans l’aventure: Éloïse, l’aînée, s’occupe des gîtes et de l’accueil, Jordan excelle derrière les fourneaux (il a remporté des médailles tout récemment à l’Euroskills des métiers), tandis qu’Arnaud s’occupe des animaux.

Nous savourons une Rochehaut (une bière ambrée qui produit un délicieux et spectaculaire « pops » quand on fait sauter le bouchon à étrier), parfaite pour accompagner notre jambonneau et nos boulettes. Une entrée? Un dessert? Pas ce midi, car, à 20h, c’est un menu sept services que nous dégusterons!
Sans plus attendre, partons à la découverte du village, direction l’Agri-Musée, avec un détour (à bord d’un petit train) par le fameux Parc animalier de Rochehaut : 30 hectares d’enclos vallonnés, où s’ébattent toutes sortes de bovins exotiques ou non, des lamas, des autruches, des émeus, etc. En chemin, nous admirons les méandres de la Semois, le village de Frahan en contre-bas et les somptueux bouquets d’arbres ocre, jaune et rouille formant des massifs forestiers de toute beauté.


Le famille Boreux a pensé son Agri-Musée comme un conservatoire vivant et interactif. Un paysan du cru, bonhomme et truculent, nous guide par vidéo et audio-guide interposés. Il partage la vedette avec une impressionnante – et même émouvante – collection de machines agricoles. Elles sont antiques mais pour la plupart en parfait état de marche. Attention les mirettes! Lumière et son, maestro! Voici que les engins se mettent en branle: on revit la vie agricole et campagnarde de jadis au fil d’un parcours d’une heure et demie, aménagé dans une ancienne grange à l’orée du village.


Avant le clou du séjour, le menu sept services concocté par Michel Boreux et sa brigade, nous sommes conviés pour l’apéritif dans la très belle cave à vins de l’Auberge. On s’y perdrait des heures, voyageant entre Bourgogne et Bordelais plus de 40.000 flacons soigneusement rangés. Les clients privilégiés, invités à partager l’apéro, ont droit à une dégustation de jambon d’Ardennes, de bons crus et quelques amuse-bouches. De quoi ouvrir l’appétit pour la suite.

L’inventivité des repas gastronomiques, ode au naturel et au locavore, justifie à elle seule un séjour à Rochehaut. Il ne faut pas avoir froid aux yeux: le menu donnerait presque le vertige aux petites fourchettes. Certainement pas aux bons vivants, ni aux gourmets exigeants.


Jugez plutôt: perdreau en ballottine, chou vert, boulgour automnal, crème de butternut à l’orange, suivi du bar de ligne arrosé d’une sauce au vin rouge, avec des fettucini au safran et truffes, moules et seiches au chorizo. On reste en mer avec la noix de Saint-Jacques bretonne, un très savoureux crémeux de châtaignes, croquant noisettes, émulsions de persil. La violette apporte une pause sorbet délicate et bienvenue.


Reprenons notre souffle, avant le filet de biche en croûte de fruits secs, sauce grand-mère, crumble de noix, garniture de chasse, pommes Amandine, avant le pré-dessert (n’allons pas trop vite) avec des variations autour de la pomme, puis enfin le dessert, un parfait parfait (ou excellentissime si vous préférez) glacé aux noisettes. Nous avons choisi un Pinot noir d’Alsace, mais on peut aussi opter pour un accompagnement mets-vins très généreux. C’est le bonheur de vivre à l’Auberge: de la table à la chambre, le chemin est court… et à pied.


L’Auberge de la Ferme, c’est une entreprise florissante, avec l’hôtel principal, mais aussi l’Auberge de la Fermette, l’Auberg’inn, la Chèvrerie, l’Auberge du Palis et des Planteurs et la P’tite Auberge, soit quatre bâtiments, mais aussi trois restaurants. Et puis les gîtes, le parc animalier, un vrai village dans le village. Mais tout cela reste à dimension humaine. On y est comme à la maison, dans une atmosphère familiale.


Le soir, on peut goûter à l’ambiance du bar (voire à sa carte de très bons whiskys), près du feu ouvert, à l’Auberge de la Ferme, avant de regagner l’Auberg’inn qui a été tout récemment rénovée. Notre chambre est juste parfaite, avec un confort bien au-dessus des 3 étoiles affichées par l’établissement. On voudrait le même grand jacuzzi et la douche italienne chez soi!


Le lendemain, quelle merveille de petit-déjeuner! Rien ne manque au buffet, pas même la cuisson minute et à la demande des oeufs et du bacon. Avant de reprendre la route, nous faisons un détour par la boutique de produits artisanaux: nous avons craqué pour une confiture maison, de la moutarde à l’ancienne et un jambon d’Ardenne à couper soi-même au couteau. Une tuerie! Partir, oui… si c’est pour mieux revenir!
(Joli.voyage invité par l’Auberge de la Ferme)

Auberge de la Ferme
12 rue de la Cense
6830 Rochehaut-sur-Semois (Bouillon)
Tél. +32.61.46.10.00
www.aubergedelaferme.com
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