Joli Voyage prend son bain à Baden-Baden

Cette perle de la Forêt noire est à ajouter à votre collier de découvertes réjouissantes. Baden-Baden n’est pas seulement une ville d’eau et de bains – même s’il faut bien entendu y succomber. Cette petite ville vous charmera aussi pour la culture entretenue avec soin, autant que les parcs et jardins, pour les bons petits restos et les magasins chics. Luxe, calme et volupté d’une Forêt noire, avec un rien de chocolat et de kirsch.

180802BadenBadenC46La cité n’est pas très grande, sertie entre plusieurs collines; cette dimension humaine lui confère précisément tout son charme. Il y a deux Baden-Baden: le centre historique et son pendant moderne. Nous nous sommes cantonnés à la première partie de la ville: le coeur historique ne manque pas d’attrait avec ses ruelles ombragées qui montent vers la Marktplatz et la Stiftkirche. On y découvre des petites échoppes de bijoutiers, d’antiquités, de livres anciens, mais aussi des bars à vin, avec des cours et jardins accueillants.

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180802BadenBaden09Cet entrelacs de rues est particulièrement plaisant en été: on y trouve une fraîcheur salutaire. Au premier jour, nous avons été attirés par la terrasse du café König, une institution de la ville. A l’ombre d’un arbre majestueux, on peut y manger un bout, sucré ou salé: un plat du jour, une salade ou encore une de de ces spécialités servies au comptoir de la chocolaterie-pâtisserie. Nous avons succombé aux filets de truite fumée et à un morceau de gâteau, avant de poursuivre la découverte de la ville.

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On déambule avec plaisir sur les deux grandes artères commerçantes de Baden-Baden: la Lange Straße, un piétonnier où les grandes enseignes s’alignent en rang d’oignon, et la Sophienstraße, une belle artère arborée où il vaut mieux ne pas sortir trop souvent sa carte de crédit – les vitrines des antiquaires Art déco, des bijoutiers et des marques de luxe présentent de nombreuses tentations.

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Vous pouvez succomber aux terrasses des cafés et restos dans la Sophienstrasse ou la Gernsbacherstrasse. La brasserie Löwenbraü ressemble à un arbre à papillons: son kitsch fleuri, folklorique et bariolé attire de nombreux touristes. Pas nous. Notre point de chute préféré pour prendre un café ou un petit verre est plutôt la Kaffeehaus. L’endroit est charmant, la terrasse agréable et à l’intérieur plane une délicieuse odeur de café fraîchement moulu.

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180802BadenBadenC16Nous aurions pu poursuivre le lèche-vitrine, mais on avait mieux à faire: prendre les eaux. Nous n’avions rien pris avec nous, et cela tombe bien. A Friedrichsbad, aucun vêtement n’est toléré et la serviette est fournie par les thermes. Elle sert brièvement à se sécher après la douche, à se reposer dans les deux salles d’air chaud (la première à 54 °C, la seconde à 68°C – il est recommandé de ne pas y rester plus de 5 minutes – sans blague!). Un massage est ensuite proposé à la brosse et au savon – c’est en supplément, mais cela en vaut la peine. On a le choix de la brosse – douce ou dure. Courageux, mais pas téméraires, nous avons opté pour la première option.

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180805Thermes01Suivent ensuite un bain de vapeur très apaisant, puis divers bassins d’eau thermale plus ou moins chaude, avec parfois des bulles. Au long du parcours, le visiteur peut admirer les superbes salles, les carrelages ornementés, l’ambiance mauresque… C’est plus qu’un temple balnéaire, presque un musée où l’on peut se baigner. Friedrichsbad a fêté ses 140 ans et a conservé son charme d’origine. Le clou du spectacle est certainement le bain en eau thermale dans le grand bassin circulaire surplombé d’un dôme spectaculaire. La lumière est superbe, le décor fastueux. On y resterait des heures. Sur le papier, les thermes annoncent 17 stations, mais si l’on décompte les douches et certaines étapes sans doute moins intéressantes (comme la salle de repos, où l’on vous emmaillote comme un poupon), cela fait sept ou huit étapes incontournables. Une heure et demie à deux heures suffisent pour en faire le tour. On sort de Friedrichsbad comme sur un nuage, le corps parfaitement détendu, les pieds ailés et la peau d’un nouveau-né.

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180802BadenBadenC08Tout ça creuse l’appétit. Cela tombe bien, le soir, nous avons dîné à la brasserie de l’hôtel Dorint (notre point de chute). Quoi de plus agréable que de prendre l’ascenseur pour aller dîner, sans devoir ressortir? Le Theaterkeller cumule les charmes d’une brasserie, avec des plats pas trop chers et une déco simple mais chic, et les attraits d’un palace: un service stylé. La cuisine est ouverte, le chef manifestement français. On peut y déguster une simple tarte flambée ou une Wiener Schnitzel, mais aussi des plats plus élaborés. Un musicien accoudé au bar gratte distraitement sa guitare, ce qui réchauffe l’atmosphère. Nous avons jeté notre dévolu sur une tarte flambée délicieusement régressive et une escalope de veau accompagnée d’une salade de pommes de terre vinaigrées, le tout arrosé d’un pinot noir du Bade-Württemberg, une vraie découverte!

Après une nuit parfaite – la literie est excellente, nous avons plongé une tête dans la piscine du Dorint. Le palace dispose de son spa & wellness. Là aussi, on profite des installations à demeure: on sort en peignoir de sa chambre, sandales au pied, déambulant l’air de rien dans les couloirs, avant de se baigner. La piscine est très belle et, tôt le matin, il n’y a pas grand monde. Idéal pour faire quelques longueurs avant le petit déjeuner. Autant se préparer: le buffet du Dorint est généreusement garni. Difficile d’y résister! Il y en a pour tous les caprices, des plus sucrés (viennoiseries, cakes et gâteaux) aux plus salés (fromages, saucissons de la région, oeufs, bacon, etc.) ou même exotiques (soupe de miso et yakitoris).

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De quoi attaquer une autre belle journée! Baden-Baden offre une belle promenade, la Lichtentaler Allee, long chemin de plusieurs kilomètres bordé d’arbres centenaires. L’endroit est aussi historique: 350 ans au compteur. De nombreuses têtes couronnées y ont défilé. L’allée mène au village voisin de Lichtenthal, le long de la rivière Oos. De superbes villas Belle Epoque bordent ce chemin, toutes plus cossues les unes que les autres. Elles assoient la stature de leurs anciens propriétaires par les ponts privés, souvent très joliment décorés, qui enjambent le ruisseau.

Au départ de la promenade, depuis le théâtre néo-baroque, on croise le musée Rieder Buda dévolu à l’art contemporain, le palace Brenners qui transpire le luxe. Et le parc Gönneranlage, tout simplement magnifique: la rose y est à l’honneur sous toutes ses variétés, plus de 400 représentées – autant dire que cela embaume à la belle saison! Au bout d’une heure de marche environ, on arrive au village de Lichtenthal et son abbaye de moniales cisterciennes, vieille de plus de 760 ans, très bien conservée. Au retour de la promenade, on prête plus attention aux arbres remarquables qui bordent la Lichentaler Allee – des petites pancartes renseignent les espèces. C’est comme un jeu botanique. On aimerait en planter chez soi. Mais il faudrait un très, très grand jardin pour abriter autant de variétés!

180802BadenBadenC15Après un déjeuner rapide au café König, nous avons poursuivi notre découverte de Baden-Baden, ville d’eau. Notre nouvelle cible, les thermes de Caracalla, voisins de Friedrichsbad. Rien à avoir avec le temple intime et muséal de ce dernier, à Caracalla tout est plus grand et plus moderne. Le grand bassin intérieur est dominé par une coupole impressionnante. Il y avait pas mal de monde, y compris aux grottes rocheuses à eau froide et à eau chaude, à la salle d’inhalation ou au bain de vapeur aromatique. On échappe à la foule en sortant vers les bassins extérieurs, l’eau y est à 38°, été comme hiver, par la grâce des sources thermales. Nous nous sommes posés dans un des deux bassins à remous pour profiter des bulles et de l’environnement, des arbres et d’un ciel bleu flamboyant.

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180816Caracalla03Nous avons poursuivi au 1er étage par la partie spa. Le sauna se décline sous plusieurs formes: version feu de bois, aromatique ou méditation, voire en plein air – une cabane au fond du jardin, très dépaysante avec ses rondins de bois. On se croirait au Canada. Nous avons particulièrement apprécié l’Aufgüsse dans le Spectaculum (la plus grande salle de sauna). On assiste à une sorte de rituel où l’officiante verse de l’eau parfumée sur les pierres chauffées à blanc et fait circuler la vapeur aromatique à l’aide d’un éventail géant. Poétique. Autre expérience agréable: le Blue Space, une salle où l’on s’allonge sur des fauteuils vibrant aux ondulations d’une musique zen, en phase avec des jeux de lumières au plafond. Là, le temps s’arrête.

Après deux trois heures passées aux Thermes, nous avons profité de notre chambre d’hôtel. Quoi de plus agréable que de s’installer au balcon, de lire tranquillement, en assistant à un concert de jazz en plein air, sur la scène en plein air installée près des colonnades, quasiment au pied du Dorint? Cette double rangée d’échoppes a un charme fou.

La Kurhaus Colonnade a 150 ans et n’a pas pris une ride. Les magasins y sont toujours aussi florissants: bijoux, montres, chaussures, mode, chocolats… Les magasins étalent un luxe discret. Le badaud peut déambuler à l’abri des marquises ou s’attabler sur les tables mises à disposition du public, sous le feuillage des arbres. D’un côté des colonnades, on débouche sur le centre-ville, de l’autre sur le casino.

Le soir, nous pensions dîner à l’Atlantic – on y avait fait un délicieux repas de chasse à l’automne. Mais nous avons jeté notre dévolu sur la terrasse du casino pour rester dans l’ambiance. L’endroit est classe, la cuisine assez soignée. Juste parfait pour profiter d’une dernière soirée à Baden-Baden.

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Après une bonne nuit, quelques nouvelles longueurs à la piscine et moult écarts au buffet petit-déjeuner, on a joué la carte nature en explorant le parc voisin, via la Trinkhalle (spectaculaire bâtiment, avec ses colonnes corinthiennes). On grimpe sur la colline du Michaelsberg, vers la chapelle orthodoxe Stourdza. Au détour du chemin, on peut admirer la ville de haut. Puis s’enfoncer dans la forêt. Des sentiers de promenade mènent vers les villages voisins ou des vignobles proches, mais nous n’avions pas de carte pour nous diriger. Autant ne pas se perdre parmi les sentiers… Nous avons accompli une randonnée de cinq ou six kilomètres, très vivifiante.

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Avant de quitter Baden-Baden, vite encore quelques emplettes en ville: le coffre de notre voiture était trop petit -heureusement- pour emporter le magnifique bar Art déco qui nous aurait ruiné pour quelques années. Nous avons, plus sagement, acheté des douceurs régionales chez König, histoire d’emporter un peu de Forêt noire avec nous.

A retenir… ou pas

Ce qu’on n’a pas eu le temps ou l’occasion de faire:
– les concerts (une vraie honte dans une ville autant vouée à la musique classique, il faudra organiser notre prochain séjour en fonction du calendrier des concerts)
– le musée Frieder Burda (l’architecture des lieux et les expos d’art contemporain sont tentantes. C’est promis, la prochaine fois, on franchit la porte)
– le village du vin (pendant 3 jours des vignerons investissent la Markplatz avec leurs échoppes, cela se passe en juillet et nous avons raté cela de peu!)
– le marché aux puces (la Trinkhalle abrite quatre fois par an un un marché aux puces. Nous l’avons découvert un peu tardivement, alors que les derniers exposants rangeaient leurs affaires. A surveiller dans l’agenda)
– monter en funiculaire jusqu’au Merkur, petite montagne qui culmine à près de 700m. Le point de vue sur la Forêt noire doit y être top (c’est le cas de le dire)
– jouer au casino (nous avions un peu la flemme, le soir… et pas trop envie d’y perdre des sous, même si l’on peut y aller simplement comme au spectacle).

Ce qu’il faudra absolument refaire:
– Friedrichsbad (on en ferait bien sa salle de bain quotidienne, mais autant acheter Versailles… Monumental et humain à la fois)
– Kurhaus Colonnade (ses échoppes ont un charme fou qui nous plonge dans la Belle Époque)
– LichtentalerAllee (une superbe promenade bordée d’arbres remarquables, tout le patrimoine de la ville, avec ses superbes demeures);
– Dorint Hôtel (des chambres confortables, une piscine agréable, un petit déjeuner généreux, une brasserie fort sympa, cinq étoiles pas trop inaccessible, que demander de plus?)
– Café Konig (notre cantine pour tous les jours, à toute heure – un café le matin, un déjeuner sur le pouce, une pâtisserie et un thé Macha à quatre heures).
– Caracalla (le versant moderne du spa, on peut y passer des heures)
– Le centre-ville piétonnier (pas grand, mais on y trouve un beau choix de magasins, restos et cafés. Il est amusant de s’aventurer dans le dédale des petites rues, des passages et des cours cachées)

Ce qu’on évitera:
– la promenade en calèche (certes très Belle Epoque, mais ce n’est pas une raison pour y succomber)
– les flots de touristes (ils débarquent certains jours par cars entiers, déferlants sur le centre historique)
– la grotte de sel marin Salina (une moitié de Joli Voyage a aimé, l’autre assez réfractaire s’y est fort ennuyé, ne ressentant aucun des bénéfices supposés)

Lors de notre séjour, nous avions élu résidence au Dorint, le point de chute parfait pour visiter la ville. Si l’on veut monter en gamme, on peut descendre au Brenner. Il a plus de charme dans ses parures extérieures, mais est plus excentré et les tarifs sont beaucoup plus élevés. Nous avions aussi repéré l’Aqua Aurelia Suitenhotel, très moderne et avenant, voisin de Caracalla. L’Atlantic a aussi beaucoup de charme.

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