Passer une semaine en Zélande, c’est goûter à la liberté de plages immenses bordées de dunes sauvages, savourer la beauté de ces petits villages typiques, déguster les produits de la mer – la région est fort réputée pour ses moules et son homard notamment.

Nous avions choisi Breezand, dans la localité de Vrouwenpolder, comme point de chute, plus précisément le Strandhotel Duinoord. L’emplacement est idéal, juste à côté d’un sentier qui mène à travers dunes jusqu’à la plage. L’établissement, tout récent, offre le confort moderne et une déco soignée et lumineuse. Nous avons posé nos valises avant de découvrir le quartier.

Le midi, nous avions pris un petit encas au coeur de Vrouwenpolder: quelques dizaines de maisons alignées dans la rue principale, avec une boulangerie qui fait aussi magasin de plage, un fleuriste qui propose de la déco, une demi-douzaine de cafés et restaurants, deux trois boutiques et, bien sûr, un loueur de cycles. Nous avons avalé une soupe à l’oignon et des croquettes aux crevettes à l’hôtel-café-restaurant De Boekanier.

L’après-midi, nous avons profité du soleil pour entamer une grande balade sur la plage. Le vent est à décorner les boeufs, c’est vivifiant en diable ! Côté Breezand, il y a un peu plus de monde, avec un pavillon (un troquet sur le sable), une promenade de planches, des cabines, mais dès que l’on s’éloigne un peu, c’est une plage à perte de vue qui s’offre au regard. On irait jusqu’au bout du monde… si le vent n’était pas de face.


Nous avions réservé notre faim pour le soir en vue d’un dîner à la Brasserie Dune, chic et design, qui nous avait tapé dans l’oeil, au rez-de-chaussée de l’autre bel hôtel de la petite station, le Duinhotel Breezand. Nous n’avons pas été déçus: la déco est lumineuse et la carte pas trop longue. La Brasserie Dune propose un bel assortiment de plats locaux ou plus exotiques. Nous avons succombé, bien entendu, aux bitterballen (ces petites boulettes servies en apéro aux Pays-Bas comme amuse-gueule), avant de savourer des soles et des moules en version asiatique.

Lundi matin, nous avons mis le cap tout au nord, sur Ouddorp, principale localité de l’île de Goeree-Overflakkee. On en fait vite le tour… mais pas trop quand même, le temps d’admirer les lieux: les maisons anciennes ont été préservées pour la plupart, bordées de beaux jardins. On aime les détailler. Les rues se déploient depuis le centre du village, une placette au milieu de laquelle trône une belle église, que seul un charmant moulin vient concurrencer à l’horizon. Le village ne manque pas d’atouts, avec de jolies boutiques, un bon nombre de cafés et restaurants fort sympathiques. Nous avons repéré aussi un joli B&B, De Meulestee, avec évidemment le moulin pour emblème.


En fin de matinée, nous avons rejoint Zierikzee, magnifique cité de pêcheurs sur l’île de Schouwen-Duiveland. Nous avions une faim de loup (de mer) et une adresse en tête, la Brasserie Maritime. Les lieux sont réputés notamment pour le homard de l’Oosterschelde. Coup de chance: nous étions à la bonne saison pour le déguster – il se consomme de fin mars à mi-juillet. Nous avons succombé à un menu tout homard: servi en bisque, puis grillé. C’est juste parfait. Nous avons dégusté le dessert (une crème brûlée tout aussi réussie) sous la pluie, à l’abri d’une marquise, sur la terrasse.


Nous avons eu un vrai coup de coeur pour Zierikzee: s’il y a beaucoup de touristes certains jours, on peut vite s’échapper dans les petites ruelles anciennes. Comme souvent aux Pays-Bas, le village est joliment fleuri. Il faut dire que la cité est florissante: le commerce s’y porte bien. On y a trouvé un joli choix de magasins: vêtements, design, brocante, concept-store. Mention spéciale pour le Theetap: le design se décline ici en petits objets déco, vaisselle, mobilier. C’est en réalité un boutique-B&B dont nous avons pu voir une chambre – superbe. Voilà une autre belle adresse à retenir pour séjourner en Zélande !

Avant de quitter l’île de Schouwen-Duiveland, on fait un petit saut à Renesse, où nous avions repéré deux endroits pour loger. Les deux établissements sont bien situés, à deux pas du centre: le Badhotel, petit hôtel de mer, fort soigné, et un B&B, Leo BBB, où le vélo est roi ou du moins petite reine. La localité ne manque pas de charme, avec ses longues artères arborées où se cachent de belles villas et son centre, le Lange Reke, qui encercle une église. Hogezoom, la rue la plus commerçante, déborde de monde. Nous fuyons.

Aller d’une île (ou presqu’île comme celle de Walcheren, où se situe Vrouwenpolder) à l’autre permet de mesurer les travaux gigantesques menés par les Pays-Bas pour préserver leurs terres – ces fameux travaux du Delta entrepris après la dramatique inondation de 1953. Dans une rue de Zierikzee, on voit jusqu’où l’eau est montée, à savoir au 1er étage des maisons. On comprend pourquoi la catastrophe a emporté tant de vie (près de 1.800 victimes).

On est revenu par l’Oosterscheldekering, cet impressionnant barrage de l’Escaut oriental qui protège désormais la Zélande des assauts de la mer. Long de 9 kilomètres entre Schouwen-Duiveland et l’île de Beveland-Noord, c’est le plus important ouvrage du Plan Delta. La 8e merveille du monde aux yeux des Hollandais. Respect.

Nous avons terminé la journée par une pointe à Dombourg, station balnéaire la plus connue de Walcheren et certainement la plus courue, en particulier par les touristes allemands. Le village a beaucoup de charme, dont sa rue principale à l’ombre des arbres qui protègent de belles façades. La promenade au sommet de la dune offre un point de vue magnifique sur la mer.


Mardi matin nous avions envie de nature. On a suivi un sentier dans l’arrière-pays et longé une réserve naturelle, Oranjezon. La nature sauvage s’y déploie librement – pour pénétrer en ces lieux, il faut s’enregistrer et payer un droit de visite. Nous le ferons assurément lors d’un prochain séjour. Nous avons plutôt mis le cap sur la plage d’Oostkapelle : on suit un long sentier qui traverse des dunes et la réserve naturelle, avant de déboucher sur le bord de mer. Quel merveilleux cheminement ! On se promène le long de l’eau, pieds nus dans les vagues.


Le midi, nous avons visité Oostkapelle. Tous ces petits villages de Zélande affichent au premier regard la même architecture, la même église au milieu, sans vraiment de relief pour les distinguer. Mais chacun adopte une forme, une géographie, une atmosphère différente. A Oostkapelle, la rue principale esquisse un S pour contourner l’église, des terrasses accueillent les estivants, des commerces de bouche attirent le chaland. Tout cela nous donne faim. On déjeune sur le pouce au Pannekoekenbakker, crêperie version hollandaise. C’est sans façon et roboratif. On peut aller contre le vent après !

L’après-midi, justement, on marche le long de la plage jusqu’à plus soif, avant de profiter un peu de l’hôtel – ah oui, se débarrasser du sable dans les chaussures et sur les vêtements. Nous avons choisi de passer la soirée à Veere, fort jolie petite cité au bord du Veerse Meer.


La localité a prospéré autrefois dans le commerce de laine importée d’Écosse. Il en reste de magnifiques bâtisses. De beaux commerces s’articulent autour du marché, le Markt, une belle place allongée à l’ombre d’arbres majestueux. C’est agréable de se promener dans les ruelles joliment fleuries, où l’on débouche parfois sur des petits magasins improbables de brocante ou de bonbons (à deux pas de la Groote Kerk).


Ce qui fait l’attrait de Veere, c’est aussi sa marina, où de beaux voiliers taquinent les passants. Pour le dîner, nous avions choisi une table offrant une vue imprenable sur ce port et sur la ville. C’est même l’une des plus belles terrasses du pays – l’établissement a été primé à ce titre. De Werf présente une carte de brasserie chic. Pour allier les produits de région et un peu zeste d’exotisme, nous cédons à la gourmandise d’une paëlla zélandaise. Le soleil d’Espagne est un peu loin, mais les fruits de mer sont parfaits.

Le mercredi, une météo plutôt maussade nous attendait. C’était le jour parfait pour se rendre en ville. Cap sur Middelburg, principale cité sur Walcheren et capitale historique de la Zélande. Le plan de la ville traduit le passé stratégique des lieux. Ses canaux qui ceinturent le cœur de Middelburg suivent les contours des anciens remparts. On se gare le long d’un de ces canaux.


Les rues commerçantes principales, à commencer par Lange Delft, forment un long cercle au cœur de Middelburg, à l’instar du Ring à Vienne – mais en moins impérial tout de même. Il y a beaucoup de monde : c’est agréable de suivre cette promenade circulaire pour s’en échapper vite, dans toutes les petites rues perpendiculaires. On y trouve les brocantes, antiquaires, petits concepts stores.


Un petit coup de cœur pour la Sint-Jansstraat et son Vismarkt, une jolie place qui se prêterait bien à une pause estivale en terrasse… si la météo n’était pas aussi chagrine. Nous avons flashé sur le restaurant Basalt et réservé une place : bien nous en a pris. A midi, le petit établissement est vite rempli. La déco est accueillante, mais la bonne surprise vient de la table : nous nous y sommes régalés. Les poissons y sont parfaitement cuits, les sauces savoureuses, les accompagnements gourmands. Nous reviendrons assurément au Basalt.

Jeudi, nous avons vécu une journée moitié côté terre, moitié côté mer. Le matin, nous avons fait un tour à Goes, ville sur la presqu’île de Beveland-du-Sud. La cité bien vivante ne manque pas de charme, à commencer par le port médieval autour duquel s’ancrent de belles façades. Il n’y a pas un anneau vide sur la marina: cela doit être bien sympa d’amarrer son voilier ici.


Le long des quais, nous avons été charmés, bien entendu, par la Huis De Baerse, joli concept store où une spectaculaire tête enturbannée sert d’enseigne, attirant le regard de loin. On entre dans une caverne d’Ali Baba, remplie d’objets déco et de petits trésors variés. Difficile d’en sortir les mains vides : on a craqué pour quelques jolies cartes et une fouta rayée toute douce.


Nous avons déjeuné à la brasserie Katoen, restaurant de l’hôtel du même nom. C’est moderne, design, très vivant. A midi, comme souvent aux Pays-Bas, le restaurant propose une petite carte, avec aussi des salades, des sandwiches… parfait pour une petite fringale. C’est agréable de se poser là. Des croquettes aux crevettes avec du pain ont suffi à notre bonheur.

L’après-midi, nous avons emprunté le spectaculaire pont de Zélande pour rejoindre l’île de Schouwen-Duiveland où nous voulions explorer la partie ouest. Ce pont offre une envolée au-dessus de la mer, les voiliers filant plus bas. Le panneau Burgh-Haamstede nous conduit dans cette charmante localité, dont la rue principale est bordée d’arbres gigantesques – par temps de canicule, il doit être bien agréable de se réfugier dessous. Cela fait un bel objectif de promenade à vélo.


Le village est aussi rehaussé par la présence d’un beau château, construit sur l’emplacement . C’est bien beau, mais nous avions un autre but en tête : le phare de New-Haamstede et la plage qui le jouxte. Lors de notre visite, il était couvert d’échafaudages. On s’est garé là, direction la mer.

Ici aussi, on serpente sur un joli cordon de dunes pour déboucher sur une plage battue par le vent le jour de notre visite. On s’est réfugié au pavillon De Strandloper, un des plus beaux de la région, avec une ambiance de chalet en montagne. Il ne manquait plus qu’un vin chaud.


Nous avons tellement aimé Zierikzee que nous n’avons pas pu résister à la tentation d’y retourner, le vendredi. On dit de la météo en Bretagne qu’il y fait beau plusieurs fois par jour. Même constat en Zélande. Nous sommes arrivés le matin avec un ciel bas et lourd de nuages. Nous avons parcouru les rues commerçantes, mettant à profit chaque averse pour nous réfugier dans les boutiques, qui un brocanteur, qui un magasin de décoration, qui un concept-store. La carte de crédit a quelque peu chauffé.


Le midi, nous avons mis le cap sur la brasserie De Kaoie, située le long des quais, de l’autre côté du pont d’Oude Haven, un établissement fréquenté par les locaux. Une tablée de jeunes cyclistes nous voisine – la plupart ont été copieusement arrosés par les pluies du matin, leurs combinaisons encore détrempées. Ils avalent des bières et de grands plateaux de fromages et de saucisson. Nous nous sommes rabattus sur des moules, des « Gebakken Mosselen » (retirées de leur coquille et cuisinées en sauce) pour l’un, des « Gekookte Mosselen » (cuites dans leur coquille, en mode marinière) pour l’autre. C’est copieux, savoureux, chaleureux, à l’image de cette maison fort sympathique.


Quand nous sortons du restaurant, un grand soleil nous attend et nous invite à une promenade le long des quais (« Kaoie », dit-on dans le patois local, d’où le nom du restaurant). On longe le port de pêche où les chalutiers sont alignés comme à la parade. On dépasse le phare pour arriver au port de plaisance où mouillent des petits bateaux à moteur, des yachts plus luxueux et de fiers voiliers. Cela doit être bien plaisant d’y amarrer son navire.


Le samedi, la météo affichait grand beau temps sur la Zélande. Nous avons mis le cap sur Oranjezon pour emprunter à nouveau ce merveilleux petit sentier qui serpente entre des bois, s’enfonce dans la réserve naturelle, perce à travers les dunes et débouche sur Aloha Beach (du nom du petit pavillon de page, où nous avons avalé un en-cas à midi).

Nous avons passé une bonne partie de la journée à arpenter la plage vers Vrouwenpolder, les pieds dans une eau délicieusement réchauffée par le soleil. Nous avons passé notre dernière soirée à Vrouwenpolder, dînant au restaurant de l’hôtel (pas exceptionnel).


Il aurait été dommage de quitter la Zélande sans passer par Yerseke, le temple de la moule zélandaise. Les touristes y débarquent nombreux, beaucoup venus de Belgique, pour visiter les huîtrières. Ici, on ne badine pas avec la mytiliculture et l’ostréiculture. La moule a d’ailleurs sa fête, la « Mosseldag ».


Le port de Yerseke ne manque pas de charme, ainsi que les nombreux restaurants qui bordent les quais. Mais Joli.Voyage évite plutôt la foule et aime sortir des sentiers battus. Nous avons repéré une belle adresse pour déjeuner, au cœur du village: l’Oesterbeurs. Bien nous a pris.
Le restaurant affichait complet. Il restait heureusement une petite table en terrasse. Le parfait endroit pour se poser et déguster la gastronomie locale: homards de l’Escaut et soles. C’est fin, léger et relevé, de quoi quitter la Zélande avec un délicieux parfum en bouche. Et l’envie d’y replonger au plus vite.
